Manager ses sentiments

 

Depuis peu, j’essaie d’apprendre à gérer mes sentiments. J’ai toujours lutté contre ça, comme si ressentir avec intensité était une faiblesse à corriger. Depuis toujours, ce sont eux, les sentiments, qui contrôlent ma vie, qui me font prendre des décisions — bonnes ou mauvaises.

 

Ma vie est remplie de sentiments, qu’ils soient lumineux ou sombres. Jusqu’à présent, j’ai cru que je pouvais vivre ainsi. Je l’ai fait, à vrai dire… avec, parfois, l’impression de survivre plutôt que de vivre. Les sentiments, je ne les contrôle pas — ce sont eux qui me contrôlent. Je suis leur Game Boy Color.

 

Rien ne me laisse indifférent. Ni rien, ni personne. Je peux aimer en quelques secondes, détester en quelques minutes. Et j’ai longtemps cru pouvoir m’en sortir comme ça. Mais force est de constater que je n’y arrive plus.

 

Pourtant, à mes yeux, les sentiments ne doivent pas se contrôler : ils doivent se vivre, se partager. Je ne veux pas apprendre à aimer moins, j’aimerais apprendre à aimer mieux. J’ai longtemps cru que les sentiments ne s’apprennent pas, qu’ils étaient innés, pas acquis. Et pourtant… il est fort probable que je me trompe. Il n'est pas rare que je ne sache pas si j'aime ou si je hais.

 

Je ne deviendrai pas pour autant un adepte du stoïcisme, cette posture qui me laisse pantois. Que restera-t-il, à la fin, dans la mémoire de ces gens-là ? Les sentiments rendent vivants. Ils rassemblent les notes pour en faire une musique, ils unissent des familles. Ils font d'un mélange abstrait de couleurs, des peintures. Il y a des sentiments dans le mouvement lent des vagues qui viennent mourir sur nos plages. Il y en a dans un "J’espère te revoir bientôt". Il y en a également dans le brouillard qui accompagne le crépuscule hivernal. 

 

Mais apparemment, il faut apprendre à gérer tout ça. À se calfeutrer dans une bulle pressurisée, infranchissable. Aimons-nous, mais avec parcimonie. "Ne m’en donne pas trop, sinon je ne te donnerai rien". Je n’ai jamais voulu de ce mode de vie. Mais je dois me rendre à l’évidence : je ne m’en sors pas.

 

Mon amour d’aujourd’hui est souvent mon désespoir de demain. Les "Je crois que je t’aime" d’avant-hier deviennent toujours un "Merci d’avoir partagé ma vie".

 

J’essaie de gérer mes sentiments… mais je n’y arrive pas. La preuve ? J’ai découvert une musique il y a une semaine, et je l’écoute en boucle dès que j’en ai l’occasion. Je l’aime d’un amour inconditionnel. Je l’aime tellement que j’ai l’impression de n’avoir jamais vraiment écouté de musique avant elle.

 

Je l’aime tant que j’ai envie de la présenter à mes parents et de leur dire :

"Papa, maman, je vous présente cette musique. Désormais, elle fait partie de ma vie présente — et sans doute des suivantes."

 

Vous la trouverez à la fin de cet article.

N’en tombez pas amoureux.

Elle est à moi.

 

Je me vois mal devoir expliquer à mes parents pourquoi elle m’a quitté… pour quelqu’un qui l’aimait moins, mais sans doute mieux.

 

J’essaie de gérer mes sentiments, mais je ne suis pas sûr d’y arriver. Parfois, j’aimerais pouvoir les donner à quelqu’un, m’en débarrasser :

"Tiens, je te donne mes sentiments. Il y en a beaucoup. Fais attention, ils sont fragiles… et lourds à la fois."

 

Mais je me rends compte que sans mes sentiments, la vie perdrait sa saveur. Les notes deviendraient fades. Les couleurs aussi. Boire une bière blonde avec une belle brune, aussi.

 

Alors je les garde. Et j’en parle ici, dans un article de blog, de façon cathartique. Et je crie au monde qu’il n’y a pas de honte à trop ressentir.

N’oubliez pas de tomber amoureux.

 

 

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